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 BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE

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Bonnie B. Bonnie
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Bonnie B. Bonnie

Messages : 227
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MessageSujet: BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE   BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE EmptySam 31 Mar - 19:44

Bonnie Jekyll Hyde


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Alors voilà

    NOM : Hyde.
    PRÉNOM : Bonnie Jekyll.
    DATE DE NAISSANCE : 06 avril 1993.
    ÂGE : 19 ans.
    NATIONALITÉ : Anglaise.
    LIEU DE NAISSANCE : Oxford - Angleterre.
    GROUPE : Coeurs.
    ORIENTATION SEXUELLE : Bisexuelle.


Clyde a une petite amie


POURQUOI CHOISIR CE GROUPE ?
Que dire, que dire. Tout simplement parce que l'esprit perverti et manipulateur de Bonnie se rapproche plus ou moins de celui des coeurs? Parce qu'elle a beau aimer la violence, ses armes de prédilections restent majoritairement dans le domaine psychologique? Ou simplement parce qu'elle a l'art et la manière d'user de ses charmes pour parvenir à ses fins?
COMMENT AVEZ-VOUS CONNU ISEI ?
- Cf histoire.
COMMENT AVEZ-VOUS APPRIS LE JAPONAIS ?
- Cf histoire.

Elle est belle



PERSONNAGE DE L'AVATAR : Makise Kurisu - Steins;Gate.
COULEUR DES YEUX : Bleus, tirant parfois vers le violet.
COULEUR DE CHEVEUX : Bruns/Roux.
COUPE DE CHEVEUX : Longs, raides, avec une frange.
POIDS : 55kg.
CORPULENCE : Mince.
TAILLE : 1m67.
TAILLE DE BONNETS (Kaito y tenait) : 80D... Ah non merde, c'est B.
CHANGEMENT PHYSIQUE : Un tatouage dans la nuque. Une croix.
COULEUR DES SOUS-VÊTEMENTS(8D) : Multicolore. ~
COMPLEXE(S) : Aucun.
AUTRE CHOSE ? Il est assez fréquent de la voir se balader en blouse blanche.

et son nom c'est Bonnie.


Bonnie, ou celle qui débarque brusquement dans votre vie sans crier gare.

Il est tellement facile de rencontrer quelqu'un, vous savez – collègue de bureau, connaissances communes... Tellement stéréotypé, tellement banal. Pourtant, parfois, il arrive que quelque chose sorte du lot, se démarque de cette immense masse informe.

Peut-être qu'un jour, au détour d'un couloir, vous tomberez sur un alien en blouse blanche. Une fiole contenant un liquide verdâtre – ou jaunâtre ?- dans une main, un livre dans l'autre, elle vous bouscule, tournant légèrement la tête dans votre direction pour vous lancer un regard noir du type « Tu vois pas que tu gênes crétin ? », puis disparaît. Elle est comme ça Bonnie, elle respire la suffisance et l'indifférence. Bonnie, elle vous considère comme un jouet, ou, au mieux, un cobaye pour ses expériences. Bonnie, c'est celle qui passe la plupart de son temps enfermée dans sa chambre, joliment rebaptisé « Centre de recherches », pour faire joujou avec du Difluor et de l'Ergocalciférol. Celle qui confond le mot « Pensionnat » et « Laboratoire ». Qui n'hésitera même pas un millième de seconde pour tester tous ses produits In Real Life, comme elle dit. In-vitro ? Mainstream. Et c'est tellement plus amusant d'offrir un aller-simple à ces chers mâles pour l'hôpital. Ses pratiques peu orthodoxes lui ont d'ailleurs values un de ses surnoms : Docteur Jekyll. Parallèle plutôt intéressant avec son deuxième prénom, n'est-ce pas ?

Pourtant, mis à part ses quelques passages éclairs entre la bibliothèque – ou la salle de chimie – et la chambre, mis à part toutes ces histoires extraordinaires circulant sur elle et les mille et un poisons qu'elle met au point chaque nuit dans son laboratoire secret – Juste une légère exagération sur les faits... - , jamais personne ne l'a vraiment vue en action. Peut-être ses coloc' de chambre, une fois ou deux, alors que Bonnie avait oubliée, ou n'avait tout simplement pas eue le temps de tout remettre en ordre. Peut-être un garçon plus vif d'esprit que la moyenne ayant réussit à apercevoir le liquide étrange que Bonnie versait dans son verre – Si seulement il était en état de raconter son expérience. Une des grandes spécialités de Mademoiselle Hyde est de toujours effacer toute trace de son passage. Elle trouvera toujours un moyen de se camoufler, une porte de sortie. Elle esquivera toujours ses problèmes d'une pirouette, le sourire aux lèvres. Une gamine jouant avec le feu – plutôt de la mort aux rats dans notre cas.

Elle s'en rit, de tous ces crétins qui la regardent avec un mélange de méfiance et d'incertitude. Elle les provoque, en revêtant sa blouse blanche pour aller vagabonder dans le pensionnat. Ces moins que rien, incapables de comprendre ce qui se passe sous leur nez... Tellement facile à tromper, tout ce petit monde. Elle se sentirait presque toute-puissante, à se jouer continuellement d'eux. Bonnie aime détruire, traîner dans la boue, sans aucun scrupules. Jusqu'où pourrait-elle aller ? Elle semble n'avoir aucune limites.

Bonnie, c'est la fille dont il ne faut surtout pas croiser le chemin, qui se fera une joie de vous briser. Bonnie, c'est une putain, une ordure, qu'on a envie d'aimer, de défoncer, de protéger, de lacérer, de posséder, de démembrer, de dévorer, pour enfin l'achever d'un coup en plein cœur. Bonnie, c'est à la fois la petite fille naïve et insouciante avec son kit de petit scientifique sous le bras, et la séductrice implacable à l'allure terriblement provocante. Elle vous utilisera pour satisfaire ses caprices puis vous jettera, après avoir accessoirement testée deux trois trucs sur vous. Elle joue tellement bien la comédie qu'elle se perdra dans son propre jeu, à ne plus savoir différencier le mensonge de la vérité. Vous serez aussi perdus qu'elle – son sourire est-il sincère ? Pourquoi fait-elle ci, où veut-elle en venir en faisant ça ? Elle tourne autour du pot, si bien que même ce pauvre pot en vient à s'paumer, elle fait des choses qui n'ont aucun sens, et avise le moment venu pour se trouver un fil rouge, un objectif. Parfois, elle vous jette seulement pour la forme. C'est tellement plus simple de mettre tout le monde dans le même sac : les gentils, les méchants, les mecs, les filles, et elle.

Quand elle ne remet pas tout au lendemain. On verra demain ouais. Et le mec qui veut ta peau, juste devant toi, Bonnie ? On verra demain. Tes notes qui chutent ? On verra demain. Oh merde, j'ai oublié l'autre... Une semaine que j'ai pas donnée de nouvelles. Pas grave, on verra demain. Puis, elle fini par se prendre une grande claque dans la gueule, et se met à chialer. Ses larmes ont l'air si... Réelles ? Bonnie déteste pleurer. Mais, même ces moments-là sont calculés. C'est à ce moment-là que devrait accourir son « troupeau », comme elle les appelle. Ses faux-amis, dressés pour la défendre, si jamais la situation exigeait plus qu'un esprit fourbe et une bonne dose d'uranium en solution. Son bétail a seulement demandé un peu de temps, et beaucoup d'amour... Enfin, si on peut appeler ça de l'amour. Juste quelques scènes un peu surjouées, et voilà cette bande de crétins prête à tout donner pour venger Mademoiselle Hyde. Des remords ?

Mais c'est la guerre mec. Je ne fais que me battre avec mes propres armes. Tu sais que t'fais pitié ? Relève-toi. Relève-toi putain, et bats-toi. Prend une arme, n'importe laquelle, et bats-toi. Même si le monde continue à s'effondrer autour de toi, bats-toi. Même si tu trouves cette guerre stupide, bats-toi. Si tu n'écrases personne pour te faire ta place, les autres la prendront.




    PRÉNOM : Lotte.
    ÂGE : L'âge de te maraver la face wesh.
    COMMENT T'ES ARRIVÉ ICI : DC.
    UN COMMENTAIRE ? UNE IDÉE ? : Ca manque de mashmallow par ici...
    LE CODE DU RÈGLEMENT :





Dernière édition par Space Cake! le Sam 14 Avr - 13:50, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE   BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE EmptyMar 10 Avr - 11:20

silence, i kill you.

Vous avez lu l'histoire de Jesse James? Comment il vécut, comment il est mort. Ca vous a plus hein, vous en d'mandez encore.
Et bien écoutez l'histoire de
Bonnie & Clyde .




Sucré. Comme cette odeur de pain grillé, qui envahissait chaque matin ses narines, alors qu'elle se dirigeait d'un pas traînant vers l'un des nombreux living-room que comptait le manoir Hyde.
Ce n'était ni le plus grand, ni le plus éclairé. Pourtant, elle trouvait un certain charme à cet endroit. Peut-être était-ce les tapisseries ornant les murs, d'une légère teinte ébène qui donnait à cette pièce un air si... Chaleureux ? Personne n'avait jamais comprit le point de vue de la jeune fille – mais peu importe, caprice ou pas, chaque membre du personnel du manoir se devait de courber l'échine et servir du mieux possible Bonnie Jekyll Hyde, fille unique d'Eliott et de Chelsy Hyde, couple à la tête d'une des plus grosses fortunes d'Angleterre.

Et ils s'y attelaient, servant avec ferveur la petite brune – ou rousse ?
Seulement, notre Bonnie n'avait pas vraiment l'étoffe d'une héritière digne de ce nom. Soit belle et tais-toi, Bonnie. T'y avait jamais adhéré à ce genre de trucs hein ? Non, toi, tu préférais troquer tes petites robes faites de soie et de dentelles contre une simple cape de marchand ; tu partais vagabonder dans les bas-fonds d'Oxford. Mademoiselle Hyde avait cédée la place à J., allias Jekill, l'enfant des rues.

Tu avais commencé à mener cette double vie il y a quelques mois de cela, le jour de tes 11 ans plus précisément. Jusqu'alors, tu vivais ta petite vie de gosse pourrie gâtée sans intérêt : tout te réussissait. Où était donc passé le challenge ? Comment pouvait-on être fier de quelque chose qui ne nous aura demandé qu'un minuscule effort ? Trop facile, trop terne. La seule chose apportant une petite touche de de gaieté et de couleur dans ce tableau bien fade était Eagle, sa meilleure amie. Petite brune d'un mètre cinquante, longs cheveux bruns lui cascadant jusqu'à la taille, et toujours son éternel sourire enfantin aux lèvres.

« Dit Ea'... T'en a pas marre de tout ça toi ? Les manières, les courbettes et tout. »

« Bof. C'est qu'une passade, tu vas vite t'y accoutumer. De toute façon... T'as pas le choix. »

« Un jour... J'ai vu un campement de gitans. Ils n'avaient rien, mais ils avaient l'air heureux. Et leurs enfants... Ils couraient. Et riaient. »


Mademoiselle Hyde avait relevée la tête, balayant le living-room du regard. Toute la pièce avait été repeinte en rose et blanc pour l'occasion. Une immense pièce montée faite de fraises et de chantilly trônait majestueusement sur la grande table. Autour d'elle, ses « invités » bavardaient gaiement, discutant de telle ou telle soirée, d'une pièce unique que Machin avait acheté pour un million de livres sterling à une enchère, de l'entreprise de Truc et ses chiffres dans le rouge, ou encore du somptueux voyage aux caraïbes de Trucmuche. Brusquement, elle se sentait comme... Exclue. Pourtant, si tous ces gens étaient là, c'était pour elle, non ?

« Hey Bon', suis-moi ! J'ai un truc à te montrer ! Allez dépêche ! »


Le sourire complice que lui lançait sa meilleure amie ne l'avait même pas fait hésiter un quart de seconde. Eagle, c'était celle qui trouvait toujours quelque chose à faire les jours de pluie, un nouveau jeu pour faire en bourrique la gouvernante et qui faisait découvrir de nouvelles choses à Bonnie. Venue d'un milieu tout aussi pompeux que celle-ci, ses parents étaient cependant un peu plus lâche avec elle. Ils laissaient parfois leur fille sortir se balader seule dans la rue, par exemple.
Bonnie et Eagle s'étaient rencontrées par hasard, lors d'une soirée mondaine où leurs deux familles avaient été conviées – et voilà, une grande amitié était née entre les deux petites filles. Une amitié qui arrangeait beaucoup leurs parents. Même milieu social, deux gosses si sages et bien élevées... Que rêver de mieux ?

« Bonnie, je te présente Stessy, ma cousine ! »


Quelle ne fut pas la surprise de Mademoiselle Hyde de se retrouver dans une petite caravane gitane ! Pourtant, elle resta imperturbable, par respect, et se contenta simplement de faire ses salutations, un doux sourire aux lèvres. Seule Eagle pouvait voir les questions se bousculant dans les yeux pleins d'interrogations de son amie. Et lorsque celle-ci se retourna vers elle, cherchant à croiser son regard, elle obtint pour seule réponse un discret signe de tête. Plus tard Bonnie, un peu de patience. Pour l'instant, profite seulement du moment présent.

Et elle en avait profité, de ces gens simples mais chaleureux, petite bouffée d'air frais dans ce monde pourri par l'argent. Elle avait déchirée sa robe de grand couturier pour aller courir avec les autres enfants dans les rues pavées d'Oxford. Elle était tombée par terre, avait fait des roulés-boulés dans la boue, s'était salie, avait volé à l'étalage.

« Donc, c'est ma cousine... Mon oncle l'a reniée le jour où elle a annoncé son mariage avec un gitan. Elle a été déshérité, et jetée dehors. Mais, d'après elle, l'argent ne fait pas le bonheur... J'ai interdiction formelle de prendre contact avec elle – ça m'est bien égal. Voilà, maintenant, tu sais où je viens décompresser quand toutes ces mondanités m'oppressent... Ca reste notre petite secret, hein ? »


Et c'est par ce petit clin d'oeil complice que tout a commencé.



Docteur Jekyll avait en lui un Monsieur Hyde qui était son mauvais génie.
Mister Hyde ne disait rien, mais en, secret,
N'en pensait pas moins...





Epicé. Comme ce petit goût d'aventure qu'elle ressentait à chaque fois que Mademoiselle Hyde laissait la place à Jekyll. Jekyll la mystérieuse, cette étrange créature hors du temps qui avait le don d'apparaître toujours au bon endroit, au bon moment – celle qui était toujours au courant de toutes les rumeurs agitant Oxford, du plus insignifiant commerçant à la pègre, mais dont on ne connissait rien : même son visage était partiellement camouflé par l'épaisse capuche de sa cape, ne laissant qu'entrevoir l'éclat saphir de ses beaux yeux bleus. C'était le personnage que Bonnie s'était inventé. Une mystérieuse informatrice qui, peu à peu, faisait la peau à Mademoiselle Hyde, la petite héritière bien élevée. Jour après jour, elle s'impliquait davantage dans ce qu'elle appelait « sa seconde vie », découvrant avec émerveillement un monde dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Les mois passaient, et Jekyll gagnait en notoriété. Etait-ce vraiment une fille, pour porter un pareil surnom ? Etait-ce un humain tout court ?

Un an passa. Et tandis que Jekyll poursuivait son petit chemin, Mademoiselle Hyde s'était trouvée une nouvelle lubie : devenir médecin.

« Bonnie, ma chérie... C'est une profession très noble, je peux le concevoir, mais tu as dans les mains le destin d'une multinationale ! D'ailleurs, il va vraiment falloir qu'on parle de tes petites escapades dans la rue, ma petite. Es-tu consciente de tous les dangers hantant les rues d'Oxford ? He t'interdit catégoriquement de continuer à faire cela, et peu m'importe les raisons de tes sorties. En deux mois, tu m'as bousillée pas moins de quinze robes ! »

Mais, Bonnie évoluait. Peu à peu, la barrière séparant sa vie au manoir et sa vie dans les rues cédait, créant une fusion complémentaire de ces deux éléments diamétralement opposés. Mademoiselle Hyde se rebellait, Jekyll prenait le temps de se poser.

« Ea', j'ai une idée. Si on vengeait le cadet Manchesper ? »

Et l' « Affaire Manchesper » fut l'élément déclencheur de cette transformation.

Jekyll savait toujours tout. Il était donc naturel qu'une de ses sources lui mette la puce à l'oreille sur l'attaque d'un des trois gosses du médecin du quartier par une bande de mecs en surplus d'hormones. Ce n'était même pas une simple bagarre comme celles qui rythmaient le quotidien d'Oxford, non. Un guet-apens, un crime organisé. Un passage à tabac dont Jekyll avait été le témoin privilégié, perchée sur un toit. Fidèle à sa réputation, elle s'était simplement contentée de regarder, ne levant même pas le petit doigt pour aider le pauvre petit Manchesper. S'en était-elle voulue après coup ? Sûrement assez pour entraîner sa meilleure amie avec elle dans une opération vengeance.

« Ecoute Bon', je sais que tu prends tout ça très à cœur. Mais... N'en fais-tu pas un peu trop ? Je veux dire par là que, prendre un peu l'air de temps en temps c'est bien, mais là tu vas trop loin. N'oublie pas qui tu es et d'où tu viens Bonnie. Je veux bien te suivre... Enfin suivre Jekyll quelques fois, mais pas aujourd'hui. Désolée... »


Et Bonnie s'en voulu toute sa vie de ne pas avoir plus insisté, et d'avoir ainsi délaissée son amie.

Oh, elle l'avait accomplie, sa vengeance. Elle avait rassemblée quelques amis, forts de poigne – en un an, c'était un véritable réseau qu'elle s'était tissé. Ensemble, ils avaient pris l'autre bande à son propre jeu de massacre, en les traquant sans scrupules à travers toute la ville, employant une serie de pièges tous plus pervers les uns que les autres.
Ivre de victoire, un petit garçon que Jekyll avait prit avec elle pour sa rapidité et non pour sa force avait sorti une petite bouteille de whisky de nulle part en s'écriant « On a gagné ! ». Personne n'avait cherché à savoir d'où venait cet alcool et, accompagné de son nouveau groupe, Bonnie avait bue pour la première fois. Ce genre de choses était monnaie courante dans les rues, et personne n'avait rechigné à se prendre un petit coup, qu'il ait 8 ou 16 ans.

C'est à ce moment précis que le véritable combat a commencé.

Une stupide bataille entre gamins qui se transforme en guerre des plus sérieuses. Les gosses se rebellent, Oxford crie de tout son être pour ces rivalités qui la détruit de l'intérieur. On se sali les mains, on s'offre un aller-simple pour l'Enfer en se plongeant un bon coup dans le vice. Sans le vouloir, Bonnie se retrouve à la tête d'un véritable clan, entraînée contre son gré dans une terrible cercle vicieux. La vengeance n'apporte rien de bon, et ça, elle l'apprend à ses dépends. Elle ne sait pas se battre : elle ne sait que manipuler. Alors elle met à profit la seule chose qu'elle puisse faire dans ce monde teinté de sang.
Il n'y a plus de place pour Jekyll la passive. Il n'y a plus de place pour Mademoiselle Hyde, l'héritière très propre sur elle : Maintenant, c'est à Bonnie la contrastée d'entrer en scène. Bonnie, quoi doit maintenant à tout prix le fragile équilibre de ses deux vies. Bonnie qui doit continuer à sourire et hocher la tête, tenue en laisse par ses parents, Bonnie qui doit préserver la véritable identitée de Jekyll et trouver le moyen de sauver tout le monde sans effusions de sang. Bonnie qui continue à rêver alors qu'une bien triste réalité se présente devant elle.

Mais, elle ne peut tout simplement pas continuer cette... Ces vies. Il lui faut faire un choix, et vite, avant que sa situation n'empire. Doit-elle laisser tomber le masque de Jekyll ? Non, la famille Hyde a toujours été haïe pour son mépris des classes populaires. Se révéler reviendrait à signer son arret de mort. Doit-elle renoncer à son étiquette de sage petite fille et attendre le moment propice pour faire ses valises et quitter définitivement le grand monde ? Non, car elle pressent qu'elle aura tôt ou tard besoin de cette couverture et influence que lui confère son statut d'héritière des Hyde. Chaque décision revient à se jeter dans la gueule du loup. Bonnie a fait une erreur monumentale dans sa stratégie : avoir une stratégie. Cette même-stratégie qui la précipite aujourd'hui tout droit au fond du trou. Si t'avais moins de principes My Lady, tu t'en serais déjà sortie. Ne peux-tu pas laisser ta morale de côté pour agir comme une véritable Hyde

Et, tandis qu'affalée dans le vieux canapé défoncé du squat de sa bande, Bonnie tente de se sortir de cet affreux piège dans lequel elle s'était délibérément plongée, une petite brune ayant à peu près le même âge que Bonnie se fait sauvagement agresser puis kidnapper par d'étranges silhouettes cagoulées.

« Eagle... Toi, tu saurais me conseiller, hein ? »

« S.O.S »

Une adresse. L'adresse de leur QG. Rageuse, elle jette violemment son portable contre le mur le plus proche, l'éclatant au passage. C'est trop tard Bonnie, tu n'as pas été suffisamment rapide. Tu n'as pas agi, et si tu ne répares pas tout de suite ton erreur, tes erreurs, c'est ton amie qui en pâtira. La machine s'est emballée, et tu n'es pas parvenue à suivre le mouvement. Dépêche toi Bonnie, le temps presse.

« Demain, 15 heures, à la Grande Place, seule. Je te conseille fortement de t'y rendre, au risque de voir ta véritable identité dévoilée.. N'est-ce pas, Mrs. Hyde ? »


Ces mots sont bien écris noir sur blanc, pourtant tu n'arrives pas à leur trouver une signification. Un hurlement de rage et de désespoir franchit tes lèvres, tandis que tu t'effondres sur le corps ensanglanté d'Eagle Grace Spencer, en larmes.

Non, non, non, non... PUTAIN QU'EST-CE QUE J'AI FOUTU?
« T'es encore vivante hein ? J'vais te sauver...Ouais, te s-sauver... »

Un rideau de plus s'abat sur la ville d'Oxford. Elle pleure sur le destin bien sombre de ses enfants, accompagnant la marche désespérée de cette pauvre fille qui n'aura su trouver sa place dans ce monde, et qui payait à présent les frais de son hésitation. Oxford était saignée à blanc, et cette hémorragie n'en était malheureusement qu'à ses débuts.

« SAUVEZ-LA ! »

Sa cape était couverte de sang. Ses beaux cheveux bruns sales, crasseux, ses yeux injectés de sang. Dans ses bras, une petite brune agonisante.
Ce soir-là, un des orages les plus violents que l'Angleterre n'aie jamais connue s'était abattu sur Oxford. Ce soir-là, le docteur Igor Manchesper se repentissait de ses crimes en arrachant aux griffes de la mort un petit être chétif encore plein de vie. Ce soir-là, Bonnie Jekyll Hyde passait un pacte avec le Diable en se jurant de venger sa meilleure amie et ce, à tout prix.

La guerre était déclarée.



Docteur Jekyll un jour a comprit, que c'est ce Monsieur Hyde qu'on aimait en lui. Mister Hyde, ce salaud, a fait,
La peau, du Docteur Jekyll.




Amer. Comme les vingt-jours qui avaient suivis l'hospitalisation d'Eagle.
Elle tournait en rond dans sa chambre, tel un lion en cage. Elle échafaudait des plans d'attaque ou d'embuscade à tout va, puis les déchirait pour les jeter à la poubelle – déjà pleine par ailleurs. Elle s'activait, et l'horloge tournait. Minuit pétantes sonnaient, il ne lui restait plus que 15 heures pour agir, et elle n'avait toujours aucun plan. Rien, Nothing, Nada.

« Putain... J'suis paumée. »


Et voilà qu'elle préférai fouiller dans les réserves du manoir pour se chopper une bonne bouteille et faire le mur pour aller se saouler la gueule dehors. Et maintenant, voilà qu'elle causait à un sans-abri.

« T'as quel âge petite ? »

« 13 ans. »

« C'est jeune... Très jeune. Pourtant, tu as le visage de celle qui a souffert, et qui se retrouve dans une impasse. »

« Ouais, c'est bien ça. Mais, hey, j'vous connais vous ! J'avais 8 ans. Et je sortais faire les boutiques avec ma mère... Vous squattez toujours devant notre demeure, à ce que je vois. »

« Les cuisiniers d'ici ne rigolent pas – leur bouffe est vraiment excellente ! C'est un régal de tomber chaque jour sur les restes de vos repas – si on peut appeler ça des restes ! Des plats entiers gaspillés, quel gâchis. Et le poulet au curry d'hier soir était de très bon goût, vous leur transmettrez mes compliments. »

« … Vous parlez beaucoup. »

« Il faut dire que je n'ai pas vraiment l'habitude de faire la conversation avec des dames aussi charmantes que vous, My Lady … Alors j'essaye de me montrer à la hauteur ! »

Bonnie aurait pu être effrayée par ce sans-abri – un peu pédo' sur les bords, non ? Mais plus elle se remémorait de sa première rencontre avec lui, plus sa méfiance naturelle à son égard s'apaisait. A y regarder de plus près, elle trouvait à ce grand brun crasseux un air... Félin. Ses petits yeux dorés ne faisaient que renforcer son impression. Il était sale, puant, ses cheveux étaient rendus plus noirs que noirs à cause de la crasse, et quelques discrètes rides marquaient son visage. Il devait avoir dans la trentaine. Cependant, quelque chose de noble habitait ses traits, Bonnie n'aurait su dire quoi. Enfin, il lui rappelait quelqu'un... Mais qui déjà ?

Aucune parole de plus ne fut échangée, et quelques heures plus tard, ce fut le fantôme de leur fille que retrouva le couple Hyde, affalée sur le perron, une bouteille vide à la main, le regard vide. Plongée dans ses délires, elle parlait de guerres, de gangs, de mort.

« … Grand Dieu, qu'as-tu fait à ma fille ? »

20 jours. 20 jours qui changèrent à jamais Bonnie et son entourage. Et le lendemain, le jeu auquel elle se livrait partait encore un peu plus loin. Suffisamment loin pour que la police en vienne à s'interroger - Mais, c'est que des gosses qui se tapent dessus de toute façon.
Un gang qui se forme pour en affronter un autre. Du sang, beaucoup de sang. Des jeux vicieux, pervers, des embuscades, des guet-apens qui s'étendaient sur tout la ville. De malheureux civils gravement blessés à la pelle, ayant commis pour seul crime celui de s'être retrouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Et une adolescente de 14 ans à la tête de ce carnage.

« Alors ? Va-t-elle s'en sortir ? »

Et, tandis que ses troupes se battent sur le front, le chef de guerre reste en retrait.

« Oui... Mais il lui faudra du temps pour récupérer. Environs trois semaines... »

L'air impassible, Igor Manchesper détaille la petite fille assise devant lui. Ses doigts se crispent sur sa tasse de thé – il se sent tellement honteux. De ne pas avoir eu le courage d'avouer la triste vérité à cette pauvre fillette. Une aura de malheur semble l'entourer, pauvre âme perdue.

« Je vois. »

Un léger sourire éclaire les traits de Bonnie Jekyll Hyde. Elle en aurait presque oublié ce qu'il se déroule actuelle au-dehors, ce qu'elle a elle-même provoquée. Le cabinet du Docteur Manchesper lui apparaît comme un endroit hors du temps, un endroit où elle se sent... En sécurité ? De plus, le médecin est le seul lien tangible qu'il lui reste entre elle et Eagle, un bout du fil rouge de sa vie. Elle n'a même plus besoin de se camoufler – ici, elle est Bonnie, la seule et l'unique.

Malheureusement, le fils cadet du Docteur Manchesper n'a pas vraiment les mœurs aussi douces que son père. Pas depuis ce fameux jour où il a frôlé la mort, attaqué par une bande de voyous – orchestrée par Jekyll. Il l'avait vue, cette petite silhouette perchée sur le toit, le regardant passivement agoniser.

Si seulement il avait su que c'était cette même personne qui l'avait vengé quelques jours plus tard. Si cet imbécile heureux avait vu plus loin que le bout de son nez et cherché à comprendre le pourquoi du comment, peut-être les événements suivants ne se seraient-ils pas produits. Ouais, si ce con n'avait pas vendu son sauveur en allant révéler la véritable identité de Jekyll au grand jour.

Pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi. Pourquoi moi ?
« … EAGLE ! »

Et, une fois de plus, tout s'effondrait autour de Bonnie.
Elle aurait du rester sagement au manoir. Elle n'aurait pas du s'engager dans tout ça. Elle aurait du écouter sa meilleure amie. Elle aurait du sauver sa peau tant qu'il était encore temps, avant d'emporter tout le monde dans sa chute.

« C'est rien Bon'. »

« … MAIS FERME-LA MERDE ! NON C'EST PAS RIEN ! REGARDE TOI! C'EST MA FAUTE ! Ma faute... Tue-moi Eagle. Tue-moi pour ce que je t'ai fait. »

« Jamais. J'ai peut-être un oeil en moins, mais je suis encore en vie... Et c'est toi qui m'a sauvée.»

« Non. C'est ma faute. Tout est de ma faute. Je ne mérite plus d'être ton amie... J'suis qu'un déchet. Ca vaut mieux pour nous deux si je disparaît. »

Elle savait qu'elle reviendrait le lendemain, pour contempler le résultat de son règne, la reine déchue. Son trône n'était plus qu'un vieux canapé défoncé et son sceptre, une bouteille de whisky. Son royaume, un vieil appart' à moitié détruit et ses sujets, des guerriers à l'armure cabossée et au moral miné.

« On a gagné... Mais Josh et Stan... »

« Morts. »

« Oui. »

« Que devons-nous faire ? »

Elle a fait que de la merde, la Bonnie. Elle mène son troupeau à sa perte, mais elle ne s'arrête pas pour autant. Elle n'a plus de limites, elle ne sait plus quoi faire – alors elle fait n'importe quoi. Comme on ne peut plus revenir en arrière, on va toujours plus loin, jusqu'à en crever.

« On les extermine. »

Des cris d'approbation fusent dans l'assemblée. Brisée, Bonnie continue pourtant d'afficher cet air impassible et déterminé. Elle arrivera à ses fins, coûte que coûte, et tant pis si elle doit sacrifier quelques pions. C'est pour leur bien – son bien.



On prétend que nous tuons de sang-froid...
C'est pas drôle, mais on est bien obligé,
De faire taire c'lui qui s'met à gueuler.




Salé. Comme le sel qu'elle met sur ses plaies. Délibérément, elle se pourri. C'est à qui sera le plus cruel, à qui aura le moins de scrupules.
Plus que dix jours avant la sortie d'Eagle de l'hôpital. Finalement, Bonnie sera revenue vers elle. Elle tourne en rond, pour revenir à la case départ. Mais, chaque fois, elle emporte un peu plus de monde dans sa folie.

« Se faire un tatouage, à 13 ans... »

« 14 ans. »

« … Oh ? »

« Ouais, le 6 avril dernier. »

« C'était, comme qui dirait... Festif ? Mais, bref. As-tu conscience de ce que tu es entrain de faire ma petite ? »

« M'appelle pas comme ça. »

« … Je reprends. T'es trop jeune pour ça chérie. Arrête de jouer avec le feu, tu ne sais pas t'y prendre. »

« Et vous, vous savez ? »

« Plus ou moins. »

« Alors, aidez-moi. »

Ils ne connaissent même pas le prénom de l'autre. Pourtant, une espèce d'amitié se tisse entre eux deux. Bonnie la paumée, et le mec qui squatte en bas de chez elle, réunis autour d'une bonne bouteille de whisky – quel beau tableau, vraiment. Voilà quelques soirées que Bonnie passe avec cet inconnu. Papa et maman se sont barrés en voyage d'affaire, elle a les clés de la maison, mais la bergère préfère rester auprès de son troupeau pour surveiller ses agissements, car elle a bien repéré un petit changement dans le comportement de ses troupes – une sorte de méfiance ? Quelque chose se trame, et si elle ne prend pas le problème à sa source, cela risquerait de lui être fatal. Alors elle rôde, tel un loup aux aguets, à la recherche du mouton noir.

« … Ce temps est révolu. »

« Quel temps ? »

« Ma jeunesse. »

« Vous avez toute votre vie devant vous. »

« J'ai beaucoup trop vécu en peu de temps. »

« … Très bien. »

Il n'y a plus rien à rajouter – enfin si. Trop de choses justement. Beaucoup trop pour le mental éprouvé de cette pauvre jeune fille qui aura grandit trop vite. La nuit n'est que trop avancée, à présent, elle a à faire. Sans plus de cérémonies, elle se lève donc, sort un bout de papier et un stylo de sa poche et griffonne deux trois trucs, avant de tendre le tout à son inconnu d'ami.

« C'est là où je passe la majeure partie de mon temps. Si jamais on te bloque le passage, dit que c'est Jekyll qui t'a envoyée ici. »

« C'est pas ton vrai nom hein? »

« … C'compliqué. »

Lassée, elle soupire, puis disparaît dans la nuit. Il sait tout de toi, tu ne sais rien de lui. Etait-ce vraiment une bonne idée ? De toute façon, une merde de plus, une de moins...

« Bonnie, on a besoin de ton aide ! »

L'alcool embrume son esprit – elle est vidée. La seule chose qu'elle parvient à comprendre, c'est juste qu'un nouveau problème lui tombe sur la gueule. Alors elle se jette dans le piège que ses moutons noirs lui ont tendu. Mais franchement Bonnie, combien de fois t'a-t-on appelé comme ça ces derniers temps ? Zéro. Pour la simple et bonne raison qu'ici, tu es Jekyll. Tes doutes se confirment. Quelque chose se trame. Tu le sais, qu'il se passe un truc. Mais tu n'as plus la force de réfléchir à quoi.

« Tu nous a dupé depuis le début. »

Et voilà que l'embuscade qu'elle avait elle-même imaginée se referme sur sa personne. Le masque de Jekyll se brise une bonne fois pour toute, dans une mare de sang. Enfin, la reine de cette mascarade paye, et se fait détruire une ultime fois. Elle n'a que 14 ans, elle ne sait pas se battre, juste manipuler. Et ses manigances se retournent contre elle. Que faire, sinon attendre qu'ils aient fini ? C'est terminé.

« J'savais qu'y s'tramait un truc. »

Et encore une fois, tu échappes de peu à la mort, Bonnie. A croire qu'elle ne veut pas de toi. Cette fois, ce sera ton ami du soir qui te sauvera en t'arrachant aux griffes de ta propre bande – quel bien triste destin tu as là. Finalement, tu te retrouves paria.

« … P-pourquoi ? »

« T'aurais du m'écouter, petite. »

« … M'appelle pas comme ça. »

« Jekyll alors ? »

« Tsk. Bonnie suffira. »

Puis elle se tait, encore choquée par ce qui vient de lui arriver. Mollement, elle se laisse soigner, le regard vide. Heureusement, les plaies parcourant son corps ne sont que superficielles : elle ne gardera aucune cicatrice. Mais, psychologiquement, les blessures sont beaucoup plus profondes.

« Jolie croix. »

« Merci. »

« C'est glauque. »

« Bof, c'est courant ce genre de trucs t'sais... »

« Pas ton tatouage. C'qui t'arrive. »

Elle préfère garder le silence, haussant simplement les épaules. Se lamenter sur sur son sort serait plus une perte de temps qu'autre chose. Tout son corps est encore douloureux de sa récente agression et elle pense déjà à sa future vengeance, à un hypothétique plan pour recouvrer son trône et dompter les rebelles. Trop instable pour se poser deux secondes et réfléchir à ce qu'elle est actuellement entrain de faire – une succession de vengeances, ni plus ni moins. Aucun réel but.

« J'voulais être médecin... Faire de grandes études, et tout. »

« C'est une bien noble profession – mais, t'es mal barrée ma p'tite. »

« Bonnie. Ouais, j'me fais plus d'illusions maintenant... Vaudrait mieux que. Je rentre chez moi. Et que je tourne la page. »

Elle se parle plus à elle-même qu'au vieil homme... Sa crise d'adolescente aura été un peu précoce et assez particulière, mais c'est sans rancune qu'elle retournera à sa vie d'antan. Qu'elle foutra Jekyll et Bonnie au placard, et qu'elle s'effacera à nouveau, comme avant. Alors, elle va gentiment se lever, s'épousseter, et retourner d'elle-même chez papa maman, un peu à l'image de ces chiens égarés qui, finalement, reviennent à la case départ – même si Bonnie se considère plus comme un fauve.

« Alors tu remontes ? »

« Ouais. »

Le Grand Monde, les Hautes Sphères, l'Elite de la société. Il va lui falloir mettre son ego de côté et s'incliner sagement devant ses parents pour espérer conserver son héritage familial – elle ne doutait pas que si sa mère avait eue la moindre idée des raisons de l'ambiance particulièrement tendue de ces derniers jours, elle l'aurait d'ores et déjà déshéritée. Bonnie la parjure, celle qui ne sais plus où aller. Bonnie qui a voulue vivre dangereusement, et qui s'y est brûlée les ailes. L'éclat provoquant luisant dans ses belles prunelles bleues à déjà disparu. Inconsciemment, elle se courbe légèrement en avant, ses épaules s'affaissant. Elle a perdue.

« HEY P'TI- … Enfin Bonnie. Je t'interdis de franchir cette porte tant que tu ne m'auras pas dit pourquoi cette croix, et rien d'autre. »

Elle parcourt des yeux l'endroit sombre, légèrement surprise – plongée dans ses pensées, elle en a oubliée d'observer les alentours. T'as vu Bonnie, les vieux réflexes de Jekyll se font déjà la malle.
Un énorme hangar. Abandonné sûrement. Il lui rappelait son squat, avec ses vieux meubles ci-et-là, ses vieilles lampes poussiéreuses qui peinaient à éclairer plus de deux mètres à la ronde et enfin, la touche finale, le vieux canapé défoncé dans un coin. Son canapé. Juste devant lui, le vieil homme lui lançant un regard insondable, attendant sa réponse. Il lui rappelait ses « prisonniers ». Fraîchement capturés dans la rue au moyen de méthodes plus ou moins louables, ils étaient traînés devant Bonnie, un peu comme pour les mafieux des vieux films américains. Finalement, c'était elle qui se retrouvait sur le banc des accusés – vie ingrate.

« … Rien. »

« Menteuse. »

« … Just for fun. »

Le regard dans le vague, les mains tremblantes, ses vêtements encore tâchés de sang, elle n'a pas l'air très crédible à lancer cette dernière phrase... Elle frise le ridicule, à s'obstiner ainsi. Elle vous laisse sceptique, vous exaspère, vous emmerde, puis vous achèvera peut-être, d'une façon ou d'une autre, avant de disparaître. Bonnie, elle à la vie de celle qui veut voler, rester constamment dans les cieux pour éviter de se confronter au reste du monde, rester frivole, tout oublier à la nuit tombée pour repartir sur un nouveau pied le lendemain. Elle ne régresse pas, ne revient pas sur ses choix, assume jusqu'au bout. Eagle : il lui faudra au moins dix vies pour expier le crime de l'avoir laissée sans défense. Sa connerie : elle ne refera pas deux fois la même erreur.
Elle veut décoller... Pourtant, elle hésite à abandonner tout ce qu'elle a construit. Alors elle se laisse tenter par l'amnésie partielle, ce genre de trucs qu'on oublie la plupart du temps, mais qui reviendra toujours un jour ou l'autre, pour te rappeler qui tu es, d'où tu viens, et ce que tu as fait. Bonnie ne choisit jamais les solutions les plus simples, elle préfère prendre les chemins les plus tortueux, les plus sombres. Voilà ce que représente son tatouage. Sa signification, elle la garde au fond d'elle : S'expliquer sur ses agissements, très peu pour elle. On la suit, ou pas.

« Ca t'éclate alors, de t'écorcher vive ? »



Moi, lorsque j'ai connu Clyde autrefois...
C'était un gars
Loyal honnête et droit.




Infect. Comme ce goût qui lui envahissait progressivement la bouche, alors qu'elle répondait d'une voix monotone aux questions de Charles Alexander, son « précepteur ».
Retour à la vie de château, renvoyée dans sa belle cage dorée.
Elle sentait encore la trace brûlante sur sa joue de la claque retentissante que lui avait infligée sa gouvernante. A l'instant même où elle avait franchit la porte du manoir, elle s'était retrouvée confrontée au regard glacial de cette vieille pimbêche. Lavée, changée, puis consignée dans sa chambre jusqu'au retour de ses parents, comme à chaque fois qu'elle profitait de leur absence pour faire le mur – sauf que cette fois serait la dernière.

« Jeune fille... Qu'allons-nous faire de toi ? »

Inutile de préciser, que lorsque ses parents avaient découvert son tatouage, ils étaient entrés dans une colère noire. Plus le droit de sortir, plus le droit de se déplacer sans surveillance, plus le droit de rien faire, jusqu'à ce qu'elle se remette sagement au pas. Elle n'avait pas bronché, s'était contentée de courber l'échine et d'obéir, sachant pertinemment que toute rébellion était vaine. Il ne lui restait plus qu'à attendre que ce sombre épisode soit oublié de tous, même d'elle, et tout redeviendrait vraiment comme avant.

Eagle.

Et, chaque soir, c'était le même refrain. Dans le miroir de sa salle de bain, alors qu'elle ramenait silencieusement ses cheveux en chignon pour dormir – ses parent le lui avaient interdit de sortir comme ça en public : personne ne devait apprendre l'existence de son tatouage -. Elle se retournait pour enfiler sa nuisette, et soudain, elle s'immobilisait, ses yeux irrésistiblement attirés vers un petit dessin noir, sur sa nuque. Immanquablement, elle y repensait. Quelques minutes passées à fixer cette croix, et tout ce qu'elle représentait. C'était tout ce qu'elle gardait de ces trois années. Juste un jeu qui était parti... Un peu loin. Qu'elle avait trop prit au sérieux. Bon, bien sûr, y'avait eu des dégâts...

« Bonnie, je te présente Yvan Manchesper. »

Tais-toi, tais-toi, tais-toi. Me grille pas putain.
« Enchantée. »

« Oh ? Mais ne serais-tu pas... Ah non, j'ai confondu, désolé. De même ma petite. »

Le regard insistant que lui avait lancé la jeune fille avait dû être suffisamment convainquant pour le dissuader d'en dire davantage. Si Bonnie n'avait pas immédiatement tilté à l'entente du nom de son interlocuteur, qui sais ce que l'autre aurait balancé sur elle ? Elle avait beau avoir peu fréquenté le Docteur Manchesper, elle le savait suffisamment distrait pour laisser échapper des informations vitales à son sujet, et ce, à n'importe qui – encore plus à celui qui devait sûrement être son frère. Cet imbécile heureux beaucoup trop gentil et sincère pour ce monde.

« Vous êtes bien le frère du Docteur Manchesper ? »

« Oui ! A première vue, on ne dirait pas, n'est-ce pas ? »

« Vous ne lui ressemblez pas du tout. »

Heureusement pour elle, tout le monde connaissait Igor Manchesper, le modeste médecin de quartier, ce qui excluait donc d'office toutes questions gênantes à ce propos. En pleine soirée, où la moitié du gratin d'Oxford était rassemblée, les rumeurs couraient de bon train.
Effectivement, n'importe qui voyant pour la première fois Yvan Manchesper ne se serait pas douté une seconde de son lien de parenté avec le médecin. Tandis que l'autre était plutôt châtain foncé et mesurait pas moins d'un bon mètre quatre vingt, Yvan était plutôt petit – vers le mètre soixante sûrement. Sa chevelure était noire corbeau, mais ce qui faisait clairement la différence entre les deux, c'était les yeux : ses petits yeux dorés qui lui donnaient une allure presque féline. Ces petits yeux qu'elle avait déjà vue quelque part... Mais où ?

« Si je puis me permettre cette indiscrétion, quelle profession exercez-vous, Sir Manchesper ? »

Aucune familiarité n'était tolérée dans ce genre de soirées – et Bonnie avait diablement du mal à s'y habituer, elle qui avait toujours eue la langue bien pendue, et un langage cru, voir parfois obscène. Vulgaire la plupart du temps, elle savait cependant faire la part des choses, et tenir sans mal une conversation avec une personne de haut rang, ce qui faisait d'ailleurs la fierté de ses parents – qui s'arrangeaient en général pour montrer exclusivement cette facette de leur fille. Seulement, voilà bien des semaines qu'elle n'avait pas mit le pied dans ce genre d'endroits, et ses courbettes se faisaient un peu raides ce soir.

« Tu peux m'appeler Yvan tout court tu sais ! Entre nous... Ce genre de titres me mettent un peu mal à l'aise. Mais, pour répondre à ta question, je travaille en laboratoire. »

« Oh, vraiment ? Et qu'est-ce que vous faites ? »

« Je fais des expériences, je teste de nouveaux produits... Mais bref, je vais éviter de te barber avec ça ! »

« Non non, continuez. »

Et voilà que Bonnie se retrouvait fascinée par les récits de son interlocuteur. Il faisait bien longtemps que sa curiosité ne s'était pas retrouvée titillée de cette façon. Au dîner, elle s'était débrouillée pour échapper à la surveillance de ses parents pour s'asseoir en catimini à côté du laborentin, désireuse d'en apprendre le plus possible sur son métier. Sur le chemin du retour, elle s'était répandue en louanges à son sujet, les yeux brillants. Ses parents, ravi qu'elle redevienne enfin la Bonnie qu'ils avaient formatés, ne cherchèrent même pas à contester son projet d'aller voir Manchesper à son laboratoire. Grand mal leur en fasse, car quand Bonnie avait une idée en tête, on ne pouvait l'en détourner.

« Et donc, vous versez 1mL de ce truc dans cette fiole ? J'peux essayer ? »

« Non, c'est trop dangereux... Contente-toi de regarder. »

Deux jours plus tard, elle se retrouvait à parcourir, enthousiaste le laboratoire d'Yvan Manchesper, en long, en large et en travers. Le pauvre ne savait pas encore à quelle force de la nature il avait à faire. Il ne savait pas que Bonnie s'était spécialisée dans les actions rapides et furtives, tels que le vol, ou l'espionnage. C'est donc sans grande difficultés qu'elle profita d'un moment de relâchement du laborentin pour dérober deux trois fioles et produits divers, les fourrant sans ménagement dans les poches de sa blouse blanche généreusement offerte par la maison – elle flottait encore dedans, du haut de son petit mètre soixante, mais elle se voyait déjà scientifique renommée. Médecin ? Pas très amusant de soigner des patients, c'est pour les petites filles naïves ce genre de trucs. Non, elle, elle voulait inventer pleins de nouveaux produits révolutionnaires et changer le monde – en bien, en mal ? Peu importe, tant qu'on se rappelait d'elle. Au fil des années, elle avait développée un énorme orgueil, et cette envie de toujours laisser sa marque quelque part. C'est cette voie qu'il lui fallait, elle en était persuadée.

« Alors, tu as changée d'avis ? »

Sa mère avait prit la nouvelle avec un sourire bienveillant, presque triomphant. L'entreprise que tenait son mari se spécialisait justement dans les produits médicaux – quoi de mieux qu'une future gérante scientifique ? Enfin, sa fille devenait raisonnable.

« Ouais ! »

Elle en aurait presque oubliée Eagle, qui, au même moment, sortait pour la première fois depuis vingt jours de l'hôpital. Elle avait bien essayée de joindre Bonnie, mais le portable de celle-ci restait obstinément éteint – que s'était-il donc passé ? Son amie n'était pas venue la voir depuis la fois où elle s'était excusée de son comportement et de ses paroles malheureuses.

Mais, ce qu'elle ne pouvait pas deviner, c'est que la belle avait délibérément éteint son portable pour le foutre dans un coin, trop absorbée dans son nouveau rôle de scientifique en herbe pour qu'on prenne le risque de la déranger. Elle avait à présent son expérience – une petite substance violette décantant tranquillement dans un bêcher. Il ne lui restait plus qu'à attendre... Et qu'à tester tout ça in-vitro. Elle ignorait totalement quels produits elle avait « empruntée » au laborentin, et encore moins l'effet que leur combinaison pourrait procurer. Il lui fallait donc un cobaye ni trop proche d'elle, mais qu'elle pourrait avoir constamment sous la main, histoire de pouvoir surveiller les résultats de son test.

L'autre.

Elle s'était toujours bornée à l'appeler comme ça, à défaut de connaître son prénom – le sans-abri traînant constamment en bas de chez elle pourrait faire un cobaye idéal. Elle n'aurait besoin que de quelques minutes d’inattention de la part de sa gouvernante, le temps de descendre en bas de chez elle.

« Si ce n'est pas Mademoiselle Hyde ! Je vous souhaite le bonsoir, My Lady. »

Putain... C'est à lui qu'il ressemblait.
« Bien le bonsoir... Mister Manchesper. »

Elle en aurait presque oubliée son but premier, tellement la révélation qu'elle vient d'avoir la déstabilise. Elle n'en montre rien, mais n'en pense pas moins. Son interlocuteur semble se tenir exactement sur les mêmes positions qu'elle.

« Et bien, Mrs. Hyde. Que me vaut l'honneur d'une telle visite ? »

« Oh, juste une visite de courtoisie, My Lord. »

Leurs paroles sonnent fausses, horriblement fausses. Eux, ils sont habitués à s'enfiler une bonne bouteille de whisky, sans toute cette cérémonie. Le masque tombe bien vite.

« Bon, sérieux. Comment t'as découvert toi ça ? »

« Votre frère jumeau. »

« … Perspicace, la p'tite. Et t'as apprit quoi d'autre ? »

« Juste ça. »

« Grand bien t'en fasse. »

« Je ne bougerai pas d'ici tant que tu ne m'auras pas tout dit. »

« … T'auras qu'à aller demander à Yvan tiens ! Maintenant, fout-moi la paix, si tu veux bien. »

« Ton nom ? »

« J'en ai pas. »

« Menteur. »

« J'me la joue solitaire sans nom, tu vois ? Just. For. Fun. »

Cette conversation ne ferait-elle pas écho à une autre, tenue quelques jours plus tôt ? Elle choisit d'ignorer cette provocation, et change aussi sec de sujet, revenant à sa première préoccupation – non, elle ne peut plus s'en tenir au plan prévu. Elle ne peut tout simplement pas. Raison ? Oh, juste une envie de changer un peu. Ce n'est pas comme si elle avait eue quelques scrupules à utiliser l'autre, non, vraiment.

« Oï, avant. Tu connaîtrais pas un bon bar ? »

Autant aller magouiller dans un endroit public, elle aura moins de chances de se faire prendre. Un endroit ou personne ne se posera de questions si une jeune fille telle que Bonnie entre nonchalamment pour venir se poser devant le comptoir, chacun trop occupé à noyer ses soucis dans de l'alcool fort. Bien sûr, il va de soi que l'autre capte cinq sur cinq la demande muette qu'elle lui envoie.

« Pour y faire quoi... ? Bah, j'imagine que ça m'regarde pas. Mais si tu veux ce genre d'endroits, j'te conseille le Puzzle. »

Et voilà qu'elle se retrouve dans un vieux quartier délabré d'Oxford, devant une enseigne à peine lisible : Pourtant, d'après l'autre, cet endroit est assez connu. De bouche à oreille sûrement, car jamais Bonnie n'avait entendue parler d'un tel endroit.

Nonchalamment, elle ouvre sans ménagement la porte, puis viens se poser devant le comptoir, air indifférent à l'appui. La robe noire assez passe-partout qu'elle porte pour l'occasion la vieillit suffisamment pour que quelques personnes se retournent sur son passage – elle se fait même siffler. Se passant de commentaire, elle balaye seulement l'endroit miteux du regard, cherchant un cobaye potentiel. Ni trop jeune, ni trop vieux, à l'air suffisamment domptable pour qu'il ne lui échappe pas par mégarde, et surtout, manipulable, histoire qu'elle puisse tester à la fois ses mélanges et ses petits jeux vicieux. Elle monte la barre haut, très haut, ce soir. Pourtant, elle est persuadée qu'elle trouvera son bonheur, parmi cette flopée de gens abusés par la vie – c'est bien connu, plus quelqu'un sera dépressif, plus facile il sera à embrigader. Cette technique est bien connue de tous les gourou de sectes, par ailleurs.

Il ne lui fallut pas longtemps pour faire le tour de la pièce et enfin trouver celui qui serait son futur cobaye : environ un mètre soixante dix/soixante quinze à l'oeil, brun au yeux bleus, l'air... Mal à l'aise ? Quoi qu'il en fut, il avait l'air différent des autres. Un petit je-ne-sais-quoi qui avait attiré l'oeil averti de Bonnie. Sa décision était prise, il ne lui fallut pas plus pour se diriger d'un pas assuré vers sa nouvelle proie, un doux sourire, presque trop gentil pour une personne comme elle sur les lèvres.

« Hey. »

Elle s'était déjà assise en face du jeune garçon, agitant distraitement son tube à essai, histoire d'éviter que son mélange ne se mette soudainement à décanter... Aucune réaction de la part de l'autre. Eh bien – tiens, il semblait avoir à peu près le même âge qu'elle, au passage.

« Qu'est-ce que tu fous dans un endroit pareil ? »

Tellement difficile, de se débarrasser de ces vieilles habitudes. Tant pis, ce soir, elle serait la je-m'en-foutiste vulgaire, directe et provocante. Ce n'était pas comme si elle avait l'intention de revoir sa victime une fois ses tests terminés. Au mieux, il l'oublierait et il tournerait la page – une rencontre aussi furtive qu'inutile dans une longue vie faite d'une succession de galères. Enfin, ça, c'était si il s'en sortait sans encombre...

« Je fous rien. Je ne sais même pas pourquoi je suis venu ici. »

« C'est faux. Je vois à ton verre que t'es venu ici pour te saouler la gueule – or, tout le monde à une bonne raison de faire ça. »

« Ca ne te regarde pas. J'ai encore des droits, tout de même. »

« Le droit de se lamenter sur son sort ? »

Et voilà où la conversation s'était arrêtée, ce qui agaçait prodigieusement Bonnie. Comment ce gars osait-il l'ignorer, purement et simplement ?
Elle n'eut aucun scrupule à verser entièrement le contenu de son tube à essai dans le verre du jeune homme, profitant d'un moment d'inattention de celui-ci. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre... Les résultats ne furent pas long. Moins de quelques minutes plus tard, cet imbécile dormait paisiblement, affalée sur la table – il fallait avouer qu'elle était déçue. Elle se serait attendue à quelque chose de plus grandiose. Mais, peut-être qu'elle n'avait pas créée qu'un simple somnifère ? Pour en être sûre, il lui faudrait suivre sa victime, qu'elle ne connaissait ni d'Eve et d'Adam, pendant quelques jours, ni vu ni connu. Au pire, si cela s'avérait trop ennuyant, elle n'aurait qu'à retourner au laboratoire d'Yvan Manchesper voler une nouvelle fois quelques produits et faire d'autres tests. Bon, bien sûr, elle devrait trouver un moyen de s'échapper de chez elle... Bah, elle trouverait bien quelque chose. Ses parents l'autorisaient à sortir pour aller voir le scientifique Manchesper – elle pourrait à la fois voler du matos et se servir de ça comme alibi pour retrouver son cobaye d'un soir.



Le compte avait commencé, à rebours.
Etait-ce vertine déveine? Qui sait. Un voyage un aller seul,
Au long court, d'où l'on ne revient jamais.




Etrange. Comme ces odeurs qui lui agressent les narines, tandis qu'elle s'engouffre dans le petit laboratoire d'Yvan Manchesper, son nouvel « ami ».
Cette véritable fascination qu'éprouvait Bonnie envers lui s'était peu à peu muée en indifférence, un sentiment platonique que l'autre ne semblait pas partager, ravi de savoir la jeune fille intéressée par son travail. Tout le potentiel qu'elle voyait dans ce laboratoire, elle, c'était les rangées interminables de produits qui se dressaient devant elle, et qu'elle pillait sans aucun scrupule une fois que le scientifique tournait le dos.

Mais, aujourd'hui, elle avait des comptes à demander. La dernière « conversation » entre elle et l'autre, tout fraîchement datée d'hier soir restait très présente dans son esprit. Elle voulait la vérité, toute la vérité.

« … Je n'aime pas trop aborder le sujet. »

« Faites un petit effort ? S'il vous plait. J'ai besoin de savoir. »

« Je vais t'apprendre ce que je sais dans ce cas... C'est-à-dire : pas grand chose. J'ai perdu tout contact avec mon frère jumeau, Edmund, après ça, vois-tu ? D'après Igor, il avait fait quelque chose d'horrible, de tellement horrible qu'il n'ose même pas en parler. M'enfin, comme il a passé quelques bonnes années en prison, j'ai pu le croire sans problème... Mais, sincèrement, je n'ai jamais comprit pourquoi il a été si vif vis-à-vis de lui. »

« … Je vois. Quel métier exerçait-il ? »

« Il était garde du corps pour de riches entrepreneurs. On raconte qu'il a tenté de poignarder un de ses employeurs. Mais, était-ce vraiment une raison pour couper d'un coup les ponts avec lui ? »


Et c'était tout ce qu'elle avait pu obtenir du scientifique. Oh, ces révélations ne l'avaient pas empêchée d'aller chiper deux trois trucs avant de quitter le laboratoire, des dizaines de questions dans la tête. Mais putain, qu'est-ce que cette famille venait foutre dans sa propre vie à elle, à part pour l'embrouiller davantage ?
Absorbée par ses réflexions, Bonnie faillit manquer ce banc, là-bas à gauche. Ce banc sur lequel... Se tenait son cobaye. Un grand sourire éclaira son visage – enfin quelque chose de positif. Bon, elle avait un peu l'allure d'une folle, flottant dans sa blouse blanche, mais de toute façon, ce n'était pas comme si cela allait faire réagir sa victime.

Elle le croisait souvent, comme ça. Chaque jour, par une successions de circonstances atténuantes, elle tombait sur lui. Ces petites rencontres purement hasardeuses qui animaient un peu sa journée – même si il fallait avouer, qu'au final, c'était elle qui cherchait la petite bête. Mais ça, jamais, au grand jamais, elle n'irait le gueuler sous les toits. Parce qu'elle avait trop d'orgueil pour ça. Plus elle passait du temps avec ce « Clyde », moins elle se préoccupait du reste. Cette situation se prolongeait, et elle ne voyait plus personne d'autre que lui. Ce qui n'était au départ qu'un simple intérêt limité pour celui qui avait tout de même eu l'honneur d'être choisit pour servir toutes ses expériences, virait peu à peu à l'obsession. Les choses se faisaient, presque naturellement. Bien sûr, Bonnie ne mit jamais personne au courant de la liaison qu'ils entretenaient – ce n'était pas non plus comme si ses parents connaissaient l'existence de Clyde.

Le soir, lorsqu'elle rentrait tardivement de chez elle, elle ne faisait plus attention à ce clochard affalée en bas de chez elle, une bouteille à moitié-vide de whisky dans la main. Elle ne ramenait plus ses cheveux en chignon, pour éviter que ses yeux ne se posent sur son tatouage, et était devenue plus sage et docile que jamais, une obéissance ayant surtout pour objectif d'endormir la méfiance de son entourage vis à vis de ses magouilles, qu'elle ne se gênait pas pour faire au nez et à la barbe de tout le monde. Mademoiselle Hyde qui fricotait avec tout le monde dans le seul et unique but d'obtenir ce qu'elle voulait, de la chose la plus insignifiante à la plus vitale. La grâce de machin, un beau collier de la part de truc. Elle savait se faire charmante quand ça l'arrangeait – une véritable Hyde, à présent. Le chemin aura été long et sinueux, mais finalement, elle sera revenue sur le droit chemin.

« M'aurais-tu oubliée, Bon' ? »


Et voilà, qu'au détour d'une soirée mondaine des plus banales, elle se retrouve face à un fantôme tout droit surgit de son passé, une forme spectrale et effrayante qui se tient fièrement devant elle. Cheveux courts, bandeau de cuir à l'oeil droit, son autre œil la fixant d'un air accusateur.

« … Putain. Eagle. Qu'est-ce que tu fous ici ? »

« La même chose que toi. »

« Ca faisait, hum... Longtemps. »

« Un an plus précisément. Tu fêtes donc aujourd'hui tes 15 ans, si je ne me trompe ? Un an que tu n'as pas donné un seul signe de vie. »

« Tu as bonne mémoire, effectivement. Sur ce... »


Tu es bien lâche ce soir, Bonnie, à t'esquiver d'une courbette d'une confrontation qui était pourtant inévitable. Elle reviendra sûrement à la charge – mais pour l'heure, tu dois trouver quelque chose. Pour tourner définitivement la page, rayer définitivement cette partie peu glorieuse de ta vie. C'est si facile de fuir.

« Si tu m'aimes vraiment, alors tu devrais être capable de faire au moins ça. »


Alors tu as besoin de tester la solidité de tes nouvelles bases, et ce qui apparaîtrait à n'importe qui comme un anodin « cap ou pas cap » entre une jeune fille et son copain se révèle être bien plus important que ça à tes yeux. Mais tu n'en montre rien, préférant garder ce sourire suffisant aux lèvres, tandis que tu mets Clyde à l'épreuve. Ce pauvre Clyde que tu trompes au moins trois fois par jour – n'as tu pas honte ? Pourtant, à ta grande surprise, il parvient à tous les retrouver, puis à les détruire, un par un. Il t'effraie même parfois, à se réveiller de sa longue léthargie d'un seul coup, sans prévenir. Et tu ne comprends même pas pourquoi il prend la peine de te pardonner tout ce que tu lui fais – elle, elle se serait plaquée depuis longtemps. Manipulatrice qui ne supporte pas les manipulateurs.

Les mois passaient, et elle se tissait un tout nouveau réseau. Cette fois, elle visait dans les hautes sphères. En parallèle, elle allait toujours passer la plupart de son temps avec le scientifique Manchesper, et bien sûr, voyait Clyde. Elle avait finalement renoncée à l'utiliser trop souvent comme cobaye, et se contentait de verser ses mixtures dans deux trois bouteilles, lorsque ses parents organisaient une soirée au manoir – suffisamment dosé pour que personne ne se doute de rien, hormis Bonnie elle-même.

Seize ans. Puis dix sept. Les deux années les plus calmes et « heureuses » de sa vie. Elle avait à nouveau tout ce qu'elle voulait, servit sur un plateau – mais cet arrière goût fade avait à présent disparu. Bonnie savait maintenant apprécier à sa juste valeur la chance qu'elle avait eue de naître avec cette cuillère d'argent dans la bouche – enfin, autant qu'une gosse pourrie gâtée puisse le faire.

Mais, l'année de ses dix huit ans, quelque chose vint bouleverser sa petite vie tranquille. Des lettres de menace qu'elle recevait systématiquement, une fois par semaine. Oh, elle ne s'en souciait pas plus que ça... Jusqu'à ce qu'elle se fasse agresser en pleine rue. Par une bande organisée – elle qui avait orchestrée ce genre d'attaques pendant des années savait pertinemment que ce n'était pas un événement anodin. Elle s'en était ressortie sans encombre, grâce à l'intervention de Clyde, mais elle doutait d'avoir autant de chance la prochaine fois.

Et qu'est-ce qu'elle faisait Bonnie, lorsqu'elle était confrontée à ce genre de situations ?

Elle fuyait.

Et c'est ainsi que, pendant quelques mois, elle devint tout bonnement invivable au manoir – suffisamment pour que ses parents la menacent de l'envoyer en pension. Et qu'ils le fassent.
Bien sûr, elle embarqua Clyde avec elle, ni vu ni connu – hors de question qu'elle se sépare de lui. De toute façon, il n'aurait suffit que de quelques jours supplémentaires à ses ennemis invisibles pour passer au niveau supérieur : s'attaquer aux proches de la cible.

Mais, est-ce qu'elle pouvait se barrer de la ville qui l'avait vue naître comme ça, sans préavis ? Non, bien sûr que non. Le jour de son départ, il se produisit deux événements, deux choses qui la marquèrent à jamais.

« Hey p'tite ! Fait pas mine de rien, je sais très bien que tu m'entends. C'est quoi tous ces bagages ? Alors ça y est, tu te barres ? Chut, tais-toi, pas besoin d'une réponse de ta part pour le deviner. C'est marrant comme t'as changé. T'es vraiment devenue ignoble, un vrai déchet, qui a délibérément tourné le dos à tout le monde... Ca t'arrangeait, hein ? Et ton tatouage, t'en a fait quoi, pendant tout ce temps ? Et c'que t'a apprit mon frère ? Rien ? T'as pas voulue creuser un peu ? Tu me déçois. Je te pensais plus curieuse que ça. Au moins... J'emmènerais mes secrets avec moi, six pieds sous terre. Ma déception aussi j'lemporterai avec moi tiens ! Allez, barre-toi, laisse les gens crever sur le bord de la route, et pars sans te retourner, espèce de petite merdeuse. »

« Je sais que tu pars. Lâche. »


Et, alors qu'elle avait à subir le regard amer d'Edmund Manchesper, le message acéré de son ancienne meilleure amie la touchait profondément et l'emplissait de rage.

« Ouais, il est temps de s'barrer de ce vieux trou. D'aller faire quelque chose. Vous me manquerez pas. »

T'es vraiment sûre Bonnie ? Pourtant, tu parais bien incertaine.

Et c'est ici que s'achevait ta vie à Oxford, et que commençait celle de « Isei Gakuen », ce pensionnat japonais. Pourquoi japonais ? Aucune idée, elle ne faisait que suivre les décisions de ses parents – tant qu'elle était loin de sa ville natale, tout lui convenait. Bon, elle avait eue à subir quelques cours de japonais en accéléré, mais pour le coup, elle s'était avéré être une excellente élève, et maîtrisait déjà à peu près la langue à son arrivée sur l'île Sado. Quelques semaines à Isei et ça y est, elle se fondait déjà dans la masse, comme tant d'autres.

Pourtant, quelqu'un était venu vers elle : Cette Mary, cette sale blonde. Elle avait le profil type de la manipulatrice aguerrie, ce qui ne lui plaisait guère – mais elle était parvenue à la séduire pour la faire rentrer dans son groupe, les « Coeurs ». Elle restait plutôt mitigée à l'égard de sa reine, mais préférait garder ses sentiments pour elle, se contentant simplement de continuer sa petite vie tranquille.

Non, vous y avez vraiment cru ? Au cœur de cette guerre des sexes, le moins qu'on puis


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MessageSujet: Re: BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE   BONNIEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEE EmptyVen 13 Avr - 21:47

memo

Alors le topo c'est que:
- Bonnie J. Hyde | Brune/Rousse → A fait ses 14 ans le 06 avril → 1M57 → AB- → Vierge → A déjà bu, mais jamais fumée → Tatouage de croix dans la nuque | héritière d'Eliott et Chelsy Hyde → Précepteurs en guise de profs, souvent traînée dans des soirées mondaines → S'échappe souvent de chez elle pour aller vivre sa Double vie → Se fait souvent réprimander pour, mais continue → Déchire ses robes hors de prix, fait tourner en bourrique ses précepteurs → Lorsque ses parents découvrent son tatouage, ils sont furieux et interdisent à Bonnie de porter un chignon pour le cacher.

- Eagle G. Spencer | Brune → 1M50 → Longs cheveux lui cascadant jusqu'à la taille → A 14 ans le 25 avril → Deviendra borgne → Oeil droit → Se coupera les cheveux courts.

- Igor Manchesper | La trentaine → Cheveux bruns → 1M80 | Médecin → Aide Bonnie à envoyer Eagle à l'hôpital → frère d'Yvan Manchesper → Cache l'existence de son troisième frère à Bonnie → A honte → A trois enfants.

- Yvan Manchesper | La copie conforme de son frère jumeau | Laborentin → Travaille dans un centre de recherches → Reçoit souvent la visite de son frère jumeau → N'a jamais comprit sa conduite par rapport à l'autre frère, et n'aime pas trop aborder le sujet → Jumeau avec Edmund.

- Edmund Manchesper | La quarantaine → Cheveux noirs, sales, gras → Yeux dorés, semblables à ceux d'un félin → Clochard | Squatte depuis des années en bas du manoir de la famille Hyde → Fait la connaissance d'une Bonnie déprimée → Devient en quelques sortes ami avec elle → Elle ne connait pas son nom, mais il a réussit à obtenir son prénom → Lui a sauvé la vie lors de l'attaque des rénégats → Le dernier frère Manchesper, rejeté par la famille → Ancien garde du corps renommé → A tout perdu.

- Evénements | Le baptême - 11 ans de Bonnie, découverte du bas-monde → Débuts de Jekyll → L'affaire Manchesper - Vengeance du cadet Manchesper par Jekyll et sa bande → Création de sa bande → Attaque d'EagleTwenty Days - L'affrontement du 06 avril 2007, le début de l'amitié entre Bonnie et Edmund, L'attaque des rénégats.

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